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   Vaugelas et Sauvageons

Le bon usage

" Nous auons dit qu'il y a vn bon et vn mauuais Ysage ; et j'adiouste que le bon se diuise encore en l'Vsage declaré, et en l'Vsage douteux. Ces Remarques seruent à discerner également I'vn et l'autre, et à s'asseurer de tous les deux. L' Vsage declaré est celuy, dont on sçait asseurément, que la plus saine partie de la Cour et des Autheurs du temps, sont d'accord, et par consequent le douteux ou l'inconnu est celuy, dont on ne le sçait pas."

Vaugelas
( Cité par Jean-Pol Caput dans " la langue française, histoire d'une institution " tome 1 p. 238 )


Sauvageot :

" faute d'autre définition, la prononciation de référence dont il sera question ici est celle de l'auteur, c'est-à-dire celle des milieux parisiens instruits. Bien qu'elle ne s'impose plus comme modèle à imiter, elle reste, au moins historiquement, celle qui garde une position dominante."        p. 117

" Le son (plus exactement le phonème) [oe~] noté un dans l'écriture, a pratiquement disparu de l'usage courant.
Certains savent le produire, mais oublient de le faire quand ils parlent (ce qui est le cas de l'auteur de ces lignes) : brin et brun s'entendent donc en br[E~], chacun en chac[E~], etc."           p. 125

" Théoriquement, il faudrait considérer comme une faute le refus instinctif de produire un [oe~]dans les mots brun, chacun, aucun, un, mais c'est un trait caractéristique de la variété de parlé étudiée ici que de ne pas connaître ce son et d'y substituer [E~]( brin, pain, fin, etc.). Que cette amputation de l'appareil des voyelles nasales françaises soit déplorable, c'est l'opinion de beaucoup de spécialistes, même de ceux qui, comme l'auteur de ces lignes, commettent régulièrement cette faute en dépit des efforts faits pour l'éviter. C'est que la prononciation [oe~] n'est vraiment réalisée que par ceux qui y ont été habitués dès le début de leur apprentissage du français. Les autres la réalisent quand ils font attention, mais dès que l'automatisme reprend le dessus, ils ne produisent plus que des [E~]. De ce point de vue, on ne peut que donner raison aux théoriciens qui considèrent que le son (le phonème) [oe~] a pratiquement disparu de cette sorte de français parlé."       p.149

Sauvageot " Analyse du français parlé " -Hachette 1972

(N.B.- Nous avons été obligé ici de " bricoler " les signes de l'alphabet phonétique pour respecter au mieux le texte de l'auteur, au lieu d'écrire comme nous l'aurions fait ailleurs [in] [un] ; mais dans ce cas avec un peu d'information complémentaire parce que, en effet, plus personne n'entend la différence dans la plus grande partie de la France.)

 

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