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véhiculaire disciplinaire

Comment préserver un système de communication commun à tous les Français, malgré la diversité des usages locaux ?

Si l'orthographe était phonétique, il faudrait des éditions différentes des livres et des journaux, à cause de détails tels que ces syllabes avec e prononcé ou pas. On aurait des orthographes locales, " vernaculaires ".
La fonction véhiculaire des langues est incontournable. C'est une exigence universelle . Partout on l'observe., et même chez ceux qu'on appelait jadis bien à tort des sauvages, mais qui étaient des humains comme nous caractérisés par leur culture et les relations qu'ils établissaient entre eux souvent fort loin.

le e papillon
Dans les langues, deux forces opposées s'équilibrent. L'une tend à faire diverger les façons de parler (et d'écrire ; voir ce qui se passe actuellement avec internet), l'autre oblige à la convergence pour une communication commune. Cette " dialectique " se déroule dans la joie et la bonne humeur ( sur internet c'est le cas ; on est entre écriveurs conviviaux), ou sous la contrainte étatique (quand c'est " le peuple tout entier " qu'il faut dresser). Aucun des pôles cependant ne relève du caprice. L'évolution obéit à des lois qu'on peut dire naturelles, puisqu'elles étaient à l'oeuvre alors qu'on ignorait leur existence ; et l'unification est une exigence politique respectable.

Dans notre société, le bon apprentissage de la bonne façon de parler et d'écrire la langue véhiculaire officielle exige sans doute la discipline. Mais cette discipline n'a en soi aucune vertu civilisatrice. Si enrichissement de la langue de chacun il doit y avoir, il ne résultera jamais d'une contrainte dénuée de sens. Bentolila, linguiste actuellement connu pour son engagement dans la lutte contre l'illettrisme, explique cela très bien : " Ingurgiter des listes de mots nouveaux ou répéter des tableaux de conjugaison ne conduit pas à une maîtrise responsable de la langue ; cela permet juste d'éviter une punition. "(dans Le Monde du 26 5 2000).

Convaincus que l'usage et le " bon usage " procèdent de l'action humaine et ne tombent pas du ciel des idées parfaites, rétablis dans notre nature de " parlêtres ", il faut toutefois assumer la lucidité politique. Sur quoi faut-il régler son langage véhiculaire comme on règle sa montre ? La réponse est sans ambages :
-au temps des rois, c'était " la plus saine partie de la Cour (...) et des auteurs du temps " (Vaugelas)
-en république, c'est " la bourgeoisie parisienne cultivée " (Cerquiglini, tout aussi éminent linguiste, le 22 2 toujours dans Le Monde). Non, pas de pavés! c'est un honnête homme, lui aussi : Il ne décrète pas, il informe. Cette idée est admise depuis longtemps ; vous feriez mieux de vous demander pourquoi vous ne le saviez pas.

" De quelle façon il faut demander les doutes de la langue ? ", comme dit Vaugelas. Aujourd'hui, la télé nous permet d'être en prise directe sur la " Cour républicaine ". C'est là que le bât blesse ; le bât que le peuple a sur le dos selon l'ordre social nécessaire, éternel et sacré. En direct, la fabrication de l'ordre du langage, ça peut agacer. Non tant à cause de la norme elle-même qui, ainsi qu'on l'a compris, est indispensable, que de la façon désinvolte dont les décisions se prennent désormais sous nos yeux. " Je voudrais bien, mais je ne peux point", se dit parfois l'intellectuel parisien. Alors, je change de norme, comme ça m'arrange. " Il entérine ainsi, sans doute, l'évolution, ce qui est excellent. Mais on espérerait un peu de charité à l'égard du menu peuple qui prend les premier risques en suivant lui aussi les lois naturelles. Il suffirait de lui expliquer que "les oscillations de la parole, qui construisent l'histoire de la langue, ne sont aucunement un lieu d'anarchie "
(Hagège, " l'homme de paroles " p.284)
Merci, merci, Monsieur Hagège. Merci, Monsieur Cerquiglini. Merci, Monsieur Bentolila.
" Et merde à Vauban ! "

Vaugelas et sauvageons         réforme à l'air libre   
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